Traitées souvent comme des tableaux abstraits, les images de Jérôme Brézillon, sous une apparente objectivité, traitent symboliquement de l’espace et du vide, de la présence et de l’absence. Cet espace vide semble être une recherche de quiétude, de silence, à l’instar de l’image d’une intersection de route en pleine campagne enneigée, posée là sans aucune référence de lieu, arrivée de nulle part allant on ne sait où. Improbable. Un abîme d’existence qui nous révèle l’intensité du vide. Cet espace de lieu devenu non lieu est aussi une observation sociale, sur l’homme et la place qu’il investit dans le paysage, en écho aux photographes de l’exposition «New Topographics» présentée par William Jenkins en 1975 au George Eastman House à Rochester, NY. A la différence que sous cette feinte objectivité, Jérôme Brézillon semble à certains égards suggérer que la place qu' occupe l’homme dans le paysage de cette immensité américaine, serait en fait des traces de son passage, où la nature aurait repris le dessus. Lauréat de la fondation Hachette et du World Press Masterclass, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions, il est présent dans le Fond National d’Art Contemporain. Montrées pour la première fois à Genève, ses photographies de la série Stand Art Life, réalisées entre 1999 et 2003 allant du Sud profond des Etats-Unis au Nord Dakota, installent une analyse fine de notre temps. Jérôme Brézillon laisse une œuvre photographique inachevée. Il est décédé le 2 mars 2012.